Alistair MacMillan- Miseris succerere disco

Les chats font parfois des chiens.
De mémoire d’homme mon père a toujours été quelqu’un de froid et calculateur. Il est né dans l’ancestral manoir du clan Macmillan dans la région de Lochaber, à l’est de l’Ecosse. Malgré le sang noble qui faisait de mon grand père un comte, ce dernier était un homme jovial et bon vivant. Quant à ma grand-mère,  c’était une petite femme pipelette et juste. Il m’est donc arrivé de nombreuses fois de me demander comment deux personnes aussi sympathiques avaient pu donner naissance à un homme si monstrueux. J'ai même un jour pensé que mon père était en réalité un androïde dépourvu de toute humanité.

Dans les années 70 il a commencé à travailler pour la Science afin de trouver le moyen de soumettre toute personne qui tenterait de se rebeller contre le nouveau système.  Persuadé d’avoir trouvé une partenaire de vie qui pourrait lui permettre de créer un enfant idéal il a fait en sorte que ses supérieurs l’associe avec une femme nommée Melissa.


De cinq ans sa cadette ma mère était tout son contraire. Originaire de Ridgeway elle avait vécu dans une famille ne cessant de rentre gloire au Système. Il faut dire que grâce à la Science mon oncle avait survécu à une maladie soit disant incurable. Pourtant très vite la jeune femme qu’elle était s’est intéressée à la spiritualité, persuadée qu’il y avait un au-delà. Afin d’éviter qu’elle ne décide de rejoindre une religion du passé mes grands parents se sont pressés de lui trouvé un partenaire.
Et c’est ainsi que mes parents se sont rencontrés. A peine un an après leur mariage, je suis né à Glasgow. Enceinte jusqu’au cou ma mère avait insisté pour que mon père se rende aux obsèques de ma grand-mère en Ecosse. Et par je ne sais quel miracle mon père avait finit par accepter.


L'amour rend aveugle
Je ne dirais pas que mon enfance fut heureuse. Disons simplement que je ne me rendais pas compte que la situation familiale était anormalement violente. A cause de l’autorité de mon géniteur ma mère a vite renoncée à me faire part de son attirance pour la religion. Le peu de fois où elle évoquait ses croyances mon père la frappait tout en me disant qu’il faisait ça pour son bien. Et l’enfant que j’étais le croyait sans poser de questions. En fait, j'étais même entièrement fasciné par cet "homme". Persuadé qu'il allait faire de moi quelqu'un de fort et courageux, je l'aimais de tout mon petit coeur.
J’ai également été frappé par cet homme. Il voulait faire de moi un génie, alors dès que je n’obtenais pas la note maximale à un examen il me faisait subir des électrochocs. Plus je perdais des points, plus le voltage était important. Malgré la haine que je lui porte je suis bien obligé d’admettre que cette éducation m’a sûrement permise de devenir un scientifique renommé et d’acquérir une intelligence très développé.

Le hasard fait parfois bien les choses.
Plus les années ont passé, plus j'ai compris que mon père n'était pas un homme recommandable. J'ai essayé de pousser ma mère a se rebeller contre lui, mais elle n'en a jamais été capable. Bien trop effrayée par ce qui pourrait lui arriver. Apparemment satisfait de son résultat, ce monstre qui était désormais assez haut placé dans le gouvernement, s’est mis en tête de me trouver une partenaire afin de créer des êtres absolument parfaits. Le jeune homme obéissant que j’étais alors  l’a laissé faire et je me suis concentré sur mon métier de chercheur en robotique orchestrée par la Science.

J’approchais de mes trente ans quand mon père a enfin trouvé la femme que j’allais devoir épouser. De trois ans ma cadette, c’était une jeune institutrice à Deerfield. J’ignore si mon père avait calculé cela et je n’ai jamais pris le soin de lui demander, mais ce fut un véritable coup de foudre. Jamais je n’avais ressenti un tel sentiment à l’égard d’un être humain. Et bien vite je devins presque accroc à sa présence.
Après deux ans de mariage elle mit au monde notre premier enfant. Une magnifique petite fille que nous prénommâmes Lucy.


L'amour brille sous les étoiles.  
Et c’est ainsi que commencèrent plusieurs années d’une vie parfaite. Nous formions tous les trois une famille idéale dans une demeure où ne cessaient de se côtoyer l’amour, la tolérance et le pardon. Lucy devenait peu à peu une enfant adorable qui ne cessait de nous émerveiller par son imagination et sa gentillesse.
Passionnée par l'enseignement ma femme faisait le bonheur de nombreux élèves.
A mon travail, je gravissais peu à peu les échelons  à mesure que  mes inventions étaient approuvées par mes supérieurs. Par ma joie de vivre et mes idées je devenais également plutôt populaire au près de mes collègues.

Conscient qu’elle avait fait de moi le plus heureux des hommes je ne cessais de rendre gloire à la Science auprès de mon entourage.


Rebel et lion font rébellion .
Pourtant, il y a un peu plus d’un an mon avis sur ce sujet  a radicalement changé. Soucieux des résultats scolaires médiocres de Lucy, son instituteur, un vieil homme maigre et autoritaire, a jugé bon de s’en plaindre à la Science. Se rendant compte que m’associer avec ma femme n’avait pas créé un nouveau génie mon géniteur a décidé de nous séparer et de me trouver une nouvelle partenaire.

Rapidement ma femme est devenue membre d’un groupe de rebelles. J’ai décidé de me joindre à eux et bien que mon travail puisse rebuter certains j’ai finalement été accepté parmi eux. Ils ont en effet compris qu’au lieu de les mettre en danger mes activités professionnelles  pourraient leur être très utiles.


Aujourd’hui j’exerce toujours mon métier de médecin avec la même énergie que par le passé. D’apparence je suis un employé modèle qui ne cesse de faire progresser la Science. Pourtant en parallèle je travaille pour la rébellion. Cherchant à créer un robot qui pourrait détruire la Science de l’intérieur. On ne m’a pas trouvé de nouvelle partenaire et je suis encore follement amoureux de ma femme. Celle-ci a été remariée à un homme pour qui elle n’éprouve pour le moment aucun sentiment. Mais je ne peux m’empêcher de ressentir une grande jalousie à l’encontre de cet homme.